Analyse globale.
Le morceau est divisé entre quatre couplets traitant chacun de sujets différents.
Le premier couplet traite de la liberté ains que de la fraternité, le second couplet traite de l’amitié et le dernier traite de l’existentialisme. Nekfeu nous conte ses incertitudes face au destin et face au cours de la vie.
Intro.
« (Toi) Moi »
« Ciel Noir » débute directement avec une réponse au morceau qui le précède. En effet, dans la dernière mesure de « Écrire » Nekfeu nous explique qu’écrire c’est ce qui le lie à nous, le « toi » nous représentant individuellement pour une fois. Cependant, il peut aussi s'adresser à son ex puisque écrire est la dernière chose qui le lie à elle.
Premier couplet.
« Écrire, c'est la première action d'un homme privé de liberté J'ai pour preuve les noms des prisonniers gravés sur les murs des geôles »
Être enfermé, se sentir pris au piège donne fatalement naissance à un besoin d’évasion. Ce besoin, chez beaucoup de personne et surtout chez Nekfeu, se traduit par l’écriture. Écrire permet d’échapper à la réalité et de disperser son esprit, ce qui rend n’importe quel personne prisonnière, libre le temps d’un écrit.
Pour appuyer ses dires, Nekfeu nous tourne vers les personnes incarcérées. En effet, bien souvent, les détenus gravent des choses sur leurs murs de cellules, comme le nombre de jours passé là ou leur nom.
« Et c’est pur comme l’amour des jeunes »
Nekfeu considère cette action d’écrire pure. Il compare cette pureté à l’amour de jeunesse, bien souvent innocent, naïf puisqu’il est souvent évasif (on ne se prend pas trop la tête parce qu’on pense que ça durera éternellement par exemple).
« Le murmure des gens s'amplifie, on vit à peine, on meurt déjà »
Nekfeu nous explique que les gens n’ont plus tellement peur de dire ce qu’ils pensent, au contraire, ce qu’ils pensaient tout bas s’amplifie et ils le pensent à voix haute.
À l’ère des réseaux sociaux, tout ce qu’on dit est amplifié et les personnes se cachant derrière un écran n’ont pas peur de dire ce qu’elles pensent tout bas. Tout va tellement vite qu’on a à peine le temps de vivre.
« C'est l'son des caves qui remonte et dérange ces putains d'riverains »
Il sous-entend par là que le rap (=son des caves puisque le rap est à la base une musique underground) est en train d’exploser et cela dérange certaines personnes.
« Pour partir loin, j'ai fraudé, nique le train et ses tarifs pleins »
Nekfeu nous raconte que pour partir, s’éloigner de sa vie, il n’a pas respecté les lois. Comme il le disait en interview, il n’hésitait pas à développer des techniques pour frauder le train qu’il trouve trop cher.
« Le béton m'a dit : "T'as la tête chaude" mais le pire dans la vie C'est pas qu'il t'arrive quelque chose, c'est qu'il t'arrive rien »
Ici, Nekfeu nous raconte qu’il a touché le sol plus d’une fois, peut-être et sûrement à cause des bagarres auxquelles il participait plus jeune, comme il le raconte dans « Rêve d’avoir des rêves » par exemple.
Il nous confie ensuite une de ses angoisses: quand il ne t’arrive rien, ta vie est ennuyeuse et il considère ça pire qu’avoir une galère par exemple.
« Si l'un des miens fatigue, on le relaie Et, si l'un des miens tombe, on le relève Mais, si l'un des miens part, je m'en remets pas Même si je crois qu'on part d'ici-bas pour mieux renaître »
Nekfeu introduit une notion importante de l’album dans ces mesures: la notion de renaissance. En effet, Nekfeu y accorde une forte importance notamment avec le son « De mes cendres » jouant littéralement sur l’expression « le phoenix renaît de ses cendres ».
Il nous confie qu’il est prêt à tout pour ses amis et qu’il sera là pour eux quoiqu’il arrive.
Premier pont.
« On sera là pour sa re-mè, l'un des miens tombe, on le relève On sera là pour sa re-mè, on part seulement pour mieux renaître »
Toujours dans la même optique, Nekfeu nous confie ici qu’en plus d’aider ses amis, il sera là pour aider sa mère si l’un de ses amis meurt par exemple.
Second couplet.
« Le corps est identifié chez le coroner Hier encore, il kiffait sur le corner Quand la vie vient te gifler, faut les cojones »
Nekfeu nous raconte ici que tout ne tient qu’à un fil, une personne qui hier était pleine de vie peut du jour au lendemain se retrouver morte. Il nous dit qu’il faut être prêt à ça, qu’il faut pouvoir le supporter.
Il fait aussi peut-être une référence à Martin Éden où il fait un lien entre le fait de subir un traumatisme et le fait de se tourner vers la drogue ou des addictions plus ou moins dures. (Merci Emma pour cet ajout)
« Encore une page écornée, un péché authentifié avant qu'on renaisse »
La page écornée peut faire référence à des mauvais choix ce qui conduirait à un pêché de plus avant notre mort et donc: notre renaissance. L’action d’authentifier et donc de rendre réel ce péché peut faire reference au jugement de Dieu après la mort (les péchés étant souvent utilisés dans la religion pour définir les mauvaises actions.)
« Tu veux faire du chiffre et finir couronné ? Tu veux défoncer toutes les portes, pense au courant d'air »
Nekfeu interroge probablement les rappeurs, à l’heure actuelle où les chiffres ont une importance folle, Nekfeu demande à son auditeur si c’est ce dont il a envie. Il explique ensuite à celui-ci qu’en voulant atteindre le succès (défoncer des portes), cela peut causer des problèmes, voire même en étant trop victime de son succès sa musique ne peut ne plus rien valoir et être finalement que du vent; un courant d’air.
« Pas-Pas-Pas encore honnête, je l'avoue, j'ai le cœur en miettes Je n'ai qu'un remède, c'est l'amour, gêné que l'on m'aide J'ai l'appui de mes jeunes loups, y'en a qui me manquent »
Nekfeu nous parle ici d’une rupture ou de la perte d’un de ses proches, il n’a pas été honnête avec cette personne qui est partie et lui a laissé le coeur en miettes. Paradoxalement, il nous confie que son remède n’est autre que l’amour.
On peut y voir une référence à la fois à « Ciel Noir » un peu plus loin où Nekfeu affirme que l’amour est une essence, mais aussi à « Risibles amours » où Nekfeu nous confiait déjà que l’amour était à la fois un sérum et un venin.
Ici, il parle bien évidement de l’amour de ses amis qui sont là pour lui. Cependant, il se rend compte que certains d’entre eux ne sont plus de la partie et lui manquent.
« Y'a des kilomètres devant nous avant qu'on renaisse »
Contrairement à ce qu’il racontait quelques lignes au dessus, Nekfeu affirme qu’on a encore la vie devant nous.
« Quand ta bonne étoile est pudique, un ciel noir Une larme qui nettoie les pupilles, un camé sort Une lame dont on parlera plus tard mais qui, pour l'moment Ne grave qu'un "Au secours" sur les toilettes publiques »
Nekfeu joue sur le fait qu’un ciel noir cache les étoiles et donc rendrait celles-ci pudiques étant données qu’elles ne se montreraient pas. Il joue aussi sur l’expression d’ « avoir une bonne étoile » c’est à dire, être protégé. Cependant, si celle-ci est pudique, elle ne protège pas ce qui mène à une vie « sombre », un ciel noir.
Il dévie ensuite sur une critique de la société un peu idéaliste:
Il nous conte une situation dans laquelle les meurtres ou les violences physiques (= la lame dont on parlera plus tard) résultent de l’indifférence face aux situations de détresse (le « Au secours » gravé par cette même lame dans les toilettes publiques) des personnes à l’écart de la société. (Le camé)
Il veut faire comprendre par là que si le pouvoir portait de l’attention à ces personnes, les crimes n’existeraient pas.
Troisième couplet.
« Qu'est-c'que tu connais d'un keu-mé qui s'shoot ? La survie vaut le prix d'un camé qui souffre »
En continuité de son second couplet, Nekfeu s’en prend aux personnes qui jugent les personnes qui se droguent, posant une question qui laisse sous-entendre qu’on ne connait rien à leur situation et donc à la raison pour laquelle ils se droguent.
Il insinue ensuite que pour survivre, le pouvoir se doit de laisser certaines personnes dans leur merde et que donc, leur survie vaut qu’une personne en souffre.
« Un homme seul avec une lame sale, soudain, l'âme sort Étouffée par le bruit d'une canette qui s'ouvre »
Nekfeu réaborde la lame dont il parlait dans le couplet précédant nous notifiant que cette fois ci, elle a été utilisée. En effet, l’âme qui sort peut signifier que cette personne, le camé, s’est donné la mort mais que finalement, personne n’y a prêté attention.
« On part pour renaître Un parcours en zigzag ou parcours honnête Tout l'monde part pour renaître Qui s'ra là pour sa re-mé ? J'ai l'amour pour remède On part pour renaître, ciel noir, ciel noir »
Nekfeu répète son idée de renaissance après la mort. Il explique que peut importe les chemins pris, pour lui chacun aura une seconde chance. Il se questionne aussi sur les gens qui resteront, prêts à épauler sa famille.
Le ciel noir peut se référer à la mort compte tenue de son « obsession » pour la renaissance. Quand on meurt, on a logiquement les yeux fermés et le visage tourné vers le ciel, cependant comme on ne peut le voir, celui-ci est noir. La musique s’arrêtant juste après cette phrase et laissant place à la chorale accentue cette idée puisqu’aux enterrements religieux, des chants de ce genre sont joués.
Quatrième couplet.
« Au-dessus des nuages, le soleil brille intensément Retour sur terre, le ciel est noir, une mère enterre ses morts »
Il insinue que dans un monde parfait, dans nos rêves (symbolisé par le ciel et donc ici les nuages), tout est beau mais qu’une fois de retour sur Terre, la réalité nous frappe de plein fouet. Il utilise l’image d’une mère enterrant ses enfants pour nous montrer à quel point la réalité peut être brutale.
« Tous dans le même bateau mais où est-c'qu'on va ? On est tous aveugles dans ce convoi »
Pour lui, on a tous le même problème: on se questionne tous à un moment ou l’autre de notre vie laissant place à des doutes qui nous mèneront on ne sait où.
Nekfeu faisait déjà référence au fait qu’on est tous confrontés aux mêmes problèmes durant notre vie dans « On verra ».
Le fait d’être aveugle représente le fait que ces questionnement nous perdent et rendent notre vision de la vie floue.
« Les passants ont des masques et dévorent tout, comme une masse Qui ressemble au Sans-Visage du Voyage de Chihiro »
Nekfeu entre ici, le temps de deux phrases, dans une critique de la société de consommation et des personnes victime de la société tout en faisant référence à un film d’animation.
Le personnage du Sans-Visage est un personnage qui est masqué et qui n’a rien de personnel: il dévore des êtres humains pour en absorber leur personnalité ainsi que leur voix.
Nekfeu fait une liaison entre ce personnage et la société actuelle où les gens se copient de plus en plus, où elles calquent leur personnalité les unes sur les autres jusqu’à devenir un masse sans différence et où les gens sont faux. Il critiquait déjà ce comportement notamment dans « Nique les clones pt.II » mais aussi dans « Compte les hommes » qui remplace l’expression « Compter les moutons ».
Il utilise le Sans-Visage pour dénoncer le fait que chaque personne « dévore tout », c’est à dire, consomme le plus possible.
« Les démons s'amassent autour du corps qu'on ramasse Et le sang paraît plus noir à l'éclairage d'un gyro' »
Nekfeu parle ici des violences policières, ici les meurtres commis par les forces de l’ordre, notamment sur les personnes noires. En effet, il y’a malheureusement plus de chance de voir le sang d’une personne noire coulé à cause de la police que d’une personne blanche.
Les démons peuvent ici s’apparenter aux personnes trop curieuses qui s’agglutinent autour du corps de la personne tuée.
« Ils ne pensent qu'au million alors je prends les liasses sans eux Je finis en haut et deviens lion »
Il critique ici les personnes, probablement les maisons de disque, qui ne pensent qu’à faire de l’argent, ce à quoi Nek ne veut absolument pas s’associer, il préfère rester indépendant et prendre l’argent qu’il y’a à prendre sans leur aide.
Il nous raconte ensuite qu’il finit au sommet, sommet qu’il a fréquenté et dont il se rendra compte plus loin dans l’album que ce n’était pas si haut.
La référence au lion signifie qu’il devient le « roi », il y refera référence dans « CDGLAXJFKHNDATH ».
« L'amour est une essence La mort est une naissance »
L’amour c’est ce qui l’aide à avancer, que ce soit en musique comme il l’exprime dans le film ou dans la vie de tous les jours. Pour lui, l’amour aide l’homme à avancer, c’est un moteur.
Il réinstaure une dernière fois son idée que la mort n’est finalement qu’une naissance et qu’il y a une vie après celle-ci.
« Un jour, il ne restera plus rien de ces bouches qui maudissent Rien de ces horizons flous qui jaunissent Plus rien de nos mères, de nos fils, de mon disque Il ne restera rien d'ces volcans qui vomissent Et puis plus un seul écho de l'orage qui tonne Plus un brin de pollen et plus un gramme de sel Et plus rien de ces copeaux de nuages qui tombent Quand des golems de béton armé grattent le ciel Il ne restera rien des étoiles vacillantes Qui s'avancent vers le centre de ces galaxies évanescentes Ni temps, ni dimension, ni sens L'Univers deviendra comme avant sa naissance Ciel noir »
Nekfeu aborde ici la fin du monde, nous racontant tout ce qui disparaîtra. Il aborde le fait que tout est éphémère, que ce soit la vie de nos proches tout comme les actions qu’on entreprend comme lui et la musique: un jour, plus personne ne se souviendra de lui ou ne connaîtra ses œuvres. Il ne restera plus aucune trace de lui.
Il se permet de critiquer encore une fois la société de consommation en critiquant les « golems » représentant les usines qui sont de plus en plus grande, il critique au passage le fait qu’à cause de ces usines, le réchauffement climatique s’accentue et les « copeaux de nuages qui tombent » symbolisant la neige n’existent plus.
Il conclut ce son en abordant la théorie du Big Crunch. Ces extraits en parleront bien mieux que moi:
Il conclut finalement en affirmant l’idée qui finalement est le fil conducteur du morceau: l’Univers après sa mort finira par renaître.
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