Analyse globale.
Étant le dernier son de l’album, Nekfeu se livre à ses auditeurs en racontant sa vie telle qu’il l’a perçue à l’époque ainsi que actuellement. Il expose sa vraie pensée contrairement à d’autres sons de l’album qui étaient tourné plutôt dans l’egotrip. On peut voir toute une évolution et le travail sur lui-même qu’il a entrepris pendant les années d’écriture de l’album.
Premier couplet.
Le premier couplet commence directement avec une interrogation. Nekfeu se dit déprimé, il en a marre et demande au seigneur s’il l’entend, probablement pour alléger sa déprime, l’aider à se sentir mieux. Cette phrase peut laisser penser que tout ce qu’il raconte après est en fait une prière qu’il nous expose.
« J’me détruis même au détriment de mon art. »
Nekfeu nous dit ici qu’il se détruit en faisant ce qu’il aime, le succès le rend malheureux, on le sait grâce aux projets sortis après Feu, mais à l’époque, Feu étant son unique album, on pouvait potentiellement en déduire qu’il se détruisait en usant d’alcool et de drogues douces comme il en parle quelques fois dans l’album, notamment dans Ma Dope ainsi qu’à la fin d’Être humain. Avec le recul que nous avons maintenant, on peut penser qu’il se détruit au détriment de son art car le succès l’affecte, il n’aime pas ça et donc ça pourrait le détruire pourtant il continue de sortir des albums et donc de « rechercher » le succès.
Nekfeu continue en nous expliquant qu’il est rare de voir un être humain réagir de façon humaine, la gentillesse, l’amour, le partage etc sont de plus en plus évincés dans la société actuelle que ça le choque. Comme il le dit « Il parait que c’est normal », une grande majorité agit de façon inhumaine et il en vient à se demander si ce n’est pas lui qui a un problème. Il s’excuse ensuite d’avoir fait du mal aux gens sans s’en rendre compte, il se rend compte de la banalisation du mal et de la violence justement par le fait qu’il ne se rendait pas compte de blesser les gens.
Les phrases suivantes concernent sa famille et la vie compliquée qu’ils ont vécu. Il nous explique son ressenti face à ça dans une interview pour Rapelite ( « Nekfeu: « Ça te revient toujours à la gueule quand tu joues un rôle » Épisode 1/3) dont je vous mets l’extrait.
Comme son père n’a plus de travail, qu’ils l’ont jeté comme un moins que rien, Nekfeu estime que son album jouera un énorme rôle dans l’avenir de sa famille. Il pourra, avec les ventes, subvenir à leurs besoins.
Il nous parle ensuite des inquiétudes de sa soeur, peut-être par la vie que Nek a décidé de mener, c’est à dire; le rap. Il nous explique qu’il a appris qu’il n’est pas là que pour défendre sa petite sœur mais aussi pour la rassurer, lui donner de l’amour quand elle en a besoin, être la pour elle etc. Il se rend compte qu’en étant plus jeune, il prenait son rôle de grand frère plutôt comme un rôle de garde du corps, mais il a grandi et aujourd’hui a compris qu’il est plus que ça.
Il nous dit aussi qu’il ne trouve pas ça juste, il est indécis sur ce qu’il doit écrire, ça se bouscule dans sa tête et peu de gens le comprennent.
Il nous raconte par la suite que malgré les soucis d’argent, il est redevable à sa famille car comme dit dans l’extrait de l’interview, il n’a jamais manqué de rien. Ses parents lui ont inculqué ce qui pour lui est la meilleure éducation, il avait de quoi se nourrir etc. Il est reconnaissant de tout ce que ses parents ont pu faire, voire sacrifier pour lui. Comme il le dit finalement, son père ne demandait rien, il se débrouillait seul, ce qui lui a donné l’envie de se débrouiller pour obtenir ce qu’il veut lui aussi, sans quémander d’aide à quiconque. Cependant, il estime qu’il n’a jamais cessé de faire du mal à sa mère peut-être en ayant choisi le rap puisque ses parents n’étaient premièrement pas d’accord avec ce choix, d’où la comparaison avec les coups qu’un bébé donne dans le ventre de sa mère, depuis même avant sa naissance, il estime qu’il lui faisait du mal.
Refrain.
Le refrain d’Amber Simone représente l’état général du morceau, qui est un morceau de sincérité, il demande le pardon, il s’excuse des choix qu’il a fait mais il explique que c’était dans l’intérêt de la personne, peut-être une ex, dont il s’est séparé. Il lui demande de continuer à surmonter ça, mais que malgré ce qu’il dit, ce qui est écrit, la vérité reste qu’il a besoin d’elle. Il ne veut pas mentir en disant que non, il n’a pas besoin d’elle.
Deuxième couplet.
Nekfeu démarre ce second couplet en nous disant qu’il essaye d’éduquer sa peur, d’être plus fort que ça mais que parfois, il étouffe, il n’y arrive pas.
La phrase suivante peut être interprétée de deux manières différentes:
La première étant que le Créateur qui symbolise Dieu, s’est créé lui-même puisqu’il est à l’origine de la création des hommes et du monde.
Mais considérant que Nekfeu ne croit pas, à l’époque de Feu du moins, en une entité supérieure mais plutôt à une sorte de spiritualité, une seconde interprétation peut être plausible:
Le Créateur, symbolisant Dieu ou non, contrairement à l’Homme s’est fait seul dans le sens où l’Homme pour se construire et s’en sortir a besoin d’être entouré. Nekfeu étant très axé sur l’amitié et prenant du recul sur sa vie se rend finalement compte que seul, il n’y serait jamais arrivé.
Par la suite, il nous répète qu’il est très sincère dans ce morceau, que ça vient du coeur, que tout est vrai dans l’album mise à part qu’il a mélangé les histoires et changé des personnages, ce qui peut laisser penser qu’il s’est inspiré de romans, de vies qui ne sont pas la sienne tout en les reliant à des histoires qu’il a pu vivre pour construire l’album.
On comprend aussi que comme dans le premier couplet, la famille est très importante pour Nekfeu, il est fier de ses amis qui en fondent une, il serait prêt à tout pour protéger ses proches, notamment ici sa filleule.
Il s’interroge sur la petitesse de l’être humain, d’où le fait que nous ne soyons qu’une infime parcelle, il fait un lien avec l’inertie (le fait d’être attiré par tout ce qui a une masse sans qu’on ne le ressente) ce qui prouve bien ses dires, nous ne sommes que des infimes parcelles dans l’univers qui nous entoure.
« Peu importe qui je suis mes paroles sont universelles. »
Ici, Nekfeu nous raconte qu’en parlant de choses personnelles, elles toucheront une majorité de personne. Il développe cette pensée notamment dans LEV, en voici l’extrait:
Ensuite, Nekfeu s’adresse directement aux personnes qui ne l’aiment pas, ceux qui crachent sur lui, en leur disant qu’ils ne le connaissent pas parce que si c’était le cas, il est sûr qu’ils s’entendraient bien. Mais il nous montre qu’il n’est pas rancunier, il ne leur en veut pas car il aurait probablement fait de même quand il était plus jeune face à une personne comme lui qui connaît le succès.
En étant plus jeune, Nekfeu avait tendance à vouloir prouver qu’il était le meilleur, à se battre alors qu’il en avait peur au final, il se battait pour quelque chose qu’il n’était pas certain de vouloir puisqu’il en était apeuré mais en ayant frôlé la mort, comme il le dit, il a pris conscience que c’était inutile, il n’a plus peur de ce qui pourrait lui arriver mais il ne veut plus pour autant se battre pour arriver à ses fins.
Il termine ce couplet en expliquant qu’il transmet ses valeurs, ses idées matérialisées par les graines à son large public, qui il espère, pourra les transmettre à son tour.
La dernière phrase de ce couplet nous montre que le temps passe trop vite, les années sont de plus en plus rapides parce qu’on est toujours occupés, peut-être trop pour se rendre compte du temps qui passe. C’est une prise de conscience sur le fait que la vie est courte et qu’on a pas le temps de la vivre.
Troisième couplet.
Dès le début, Nekfeu s’adresse à l’auditeur en lui disant qu’il n’est pas quelqu’un de spécial, à part et qui si lui peut y arriver, lui aussi en est capable. Il ne vaut pas mieux que n’importe qui, c’est un homme lambda tout comme nous, comme dit dans la phrase suivante, il ne vit pas dans un bete d’appart malgré qu’il soit caractérisé de bourgeois comme il l’explique dans l’extrait d’interview.
Il explique que malgré sa couleur de peau, ça ne l’empêche pas d’avoir été élevé avec des gens de tout horizons, c’est une idée qu’il amenait déjà dans « Un homme et un microphone °2 »
Ensuite, il nous explique son rapport à l’Homme par le biais d’une métaphore filée:
Nekfeu voit les Hommes comme des vêtements, c’est à dire, il les « essaye » ce qui signifie qu’il apprend à les connaître, il « enlève l’étiquette si il estime qu’ils sont à sa taille » qui signifie qu’il ne les intègre dans son entourage que si il estime qu’ils ont les mêmes valeurs et dignes de sa confiance et finalement, il le « paye parfois » car « les gens ne sont pas ceux que l’on croit en soi » ce qui veut dire qu’il a parfois accordé sa confiance et laissé des gens qui ne lui correspondent pas entrer dans sa vie et il en a subi les conséquences.
Après, Nekfeu nous raconte une suite d’action, il angoisse en boîte car il ne se sent pas à sa place, ça ne lui plaît pas, comme il le dit notamment dans Risibles Amours, même entouré il se sent seul. Il dépeint ensuite le genre de scène que l’on voit en boîte ou en soirée, l’ondulation de la population représente des danses probablement collées serrées, puisqu’ils ont trop bu, que l’on peut aussi potentiellement mettre en lien avec la phrase d’avant « Le sérum d’amour c’est le genre de boisson que l’on voit sans soif » car la boisson que l’on boit sans soif c’est l’alcool, peut-être qu’ils ont trop bu justement en recherche d’amour. S’en suit la copulation engendrant une ovulation, car beaucoup de rapports sexuels ayant lieu dans des soirées sont rarement protégés. Il explique que toute action a un prix à payer, ici une grossesse, mais que certains accidents sont bénéfiques, un bébé peut s’avérer positif bien qu’il ne soit pas voulu, tout comme certaines conséquences à nos actes peuvent avoir un aspect positif.
Nekfeu aborde le thème de l’harcèlement explicitement, il s’adresse tout d’abord aux personnes qui rabaissent les autres, ici les filles, il dit à ces personnes de se regarder elles-mêmes avant de critiquer, qu’elles ne sont pas mieux qu’un autre. Ensuite, il s’adresse directement aux personnes qui se font juger en leur disant que c’est qu’un vice de plus, une mauvaise action des êtres humains supplémentaire. Il continue ce morceau du couplet en nous annonçant qu’il a plus d’amour pour les salopes que pour tout les fils de pute qui sont probablement les êtres humains qui se permettent d’agir de façon inhumaine. Finalement, il s’excuse aux personnes qui ont été moquées de tout ceux qui ont participé à ces moqueries, il s’excuse pour tout ceux qui ont vécu ça ou le vivent actuellement alors que ce n’est pas de sa faute. Il s’excuse pour les autres, qui ne le feront sûrement jamais. Nekfeu prend conscience que vivre dans un monde de violence, de noirceur étouffante, c’est compliqué.
Finalement, il s’excuse à tout ses proches de ne pas passer assez de temps auprès d’eux, il se rend compte que son travail lui prend une énorme partie de son temps, il n’a plus le temps de voir ceux qu’il aime et il en est désolé.
Quatrième couplet.
Nekfeu commence par de la nostalgie, nous racontant qu’il est mélancolique quand il est sur les quais d’une gare, ça lui rappelle l’époque de son enfance quand il partait en vacances avec la caisse d’allocations familiales, quand il était encore innocent, avant de vivre des expériences avec la came et donc de sombrer dans la drogue. Il nous dit que la musique l’a sauvé, probablement dans l’arrêt de la drogue car il pensait à autre chose etc. Pour lui, rien n’est plus précieux que les clés du studio (le studio blackbird étant dans une cave) car ça l’a sauvé.
Il s’adresse ensuite à ceux qui ne jurent que par l’argent, qui veulent toucher des chèques, en leur expliquant que c’est le diable qui achète leur âme, je pense que c’est une référence au fait que beaucoup de gens pensent que les artistes vendent leur âme au diable afin de connaître succès et argent.
Nekfeu revient sur le fait qu’il a parfois laissé des gens qui n’étaient pas dignes de confiance dans son entourage en évoquant le fait que dès qu’ils avaient des galères, ces gens là disparaissaient.
Finalement, il se rend compte que l’être humain s’auto-détruit, notamment par son style de vie (alcool, drogue, fast-food...) et que donc, il traite son corps comme une déchèterie. Il nous explique qu’on consomme la mort, donc des choses mauvaises pour nous-mêmes comme la cigarette, la nourriture grasse, l’alcool... qui nous tuent lentement, tout ça parce qu’on ne va pas s’empêcher de vivre, on ne vit qu’une fois, donc on cède à nos pulsions de désirs naturels et nécessaires (nourriture) mais aussi nos désirs non naturels et non nécessaires (cigarette, alcool...).
En prenant l’alcool ou la drogue comme référence, Nekfeu se rend compte que ça ne le rend plus maître de lui-même, il n’est pas dans son état normal ce qui le rend esclave. Il ne contrôle plus ce qu’il dit, ce qu’il fait.
Il termine le morceau et l’album en annonçant qu’il a arrêté tout ça, il a conscience que ce n’était pas bon, qu’il est mieux sans. Il a évolué tout au long de l’album ainsi que du morceau, il a mûri. On peut revenir à l’idée de départ que le son est une prière qu’il nous expose par le fait qu’il s’adresse encore une fois à un Dieu, lui demandant que ça dure et lui disant qu’il a arrêté.
Nekfeu termine donc l’album sur une promesse qu’il se fait à lui-même, la promesse de faire durer cet abandon de ses addictions pour son propre bien.
Conclusion.
En conclusion, Nekfeu s’interroge et prend conscience du comportement humain tout au long du morceau, se rendant parfois compte que lui aussi agit parfois de façon humaine, personne n’est parfait.
Cependant, contrairement à beaucoup, Nekfeu prend un énorme recul là dessus, il livre des pensées qu’il n’a jamais dites à voix haute, il s’excuse de son comportement et veut changer pour être mieux avec lui-même.
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